Espoirs
L’espoir, sourire enjôleur, yeux cruels,
Me souffle à l’oreille ses obscènes prommesses :
« Il n’est pas mort, ton père. Un jour il reviendra.
« Il est parti ailleurs, ne gît pas sous la terre
« Ce cercueil était vide… Ne pleure pas, il vit.
« Un jour tu le croiseras au détour d’une rue.
« Attend ! »
L’espoir, enfant gai aux chants caressants,
Me fait voir un sourire, un regard, un appel.
Et si tout était vrai : qu’elle m’aime, que je l’aime
L’avenir tout à coup aurait si bel éclat
Que la noirceur de l’âme si dissoudrait déjà.
L’espoir, histrion bariolé au sourire pervers,
De sa voix rauque murmure et blesse mon oreille :
« Ce qui est mort peut renaître… Rien n’est fini jamais.
« Elle ne t’as pas quitté, l’amour n’est pas fini
« Tu peux encore, à toi, la faire revenir…
« Prends patience… Prends patience… La vie coule… »
L’espoir, enfant triste au sourire contraint,
Me laisse croire à l’amour renaissant et soudain.
Mais qu’adviendra-t-il d’elle ?
2004-12-16 — 2005-05-20
Yvon Henel
dans les rues de Lille