La faucheuse
Je ne l’attendrais plus, elle qui me fit défaut.
J’irai la chercher moi-même, le jour venu.
J’irai réclamer le pardon de son ultime faux
J’irai bientôt vers elle, au désespoir tenu.
Elle ne m’a pas voulu quand j’étais préparé.
Je ne la veux pas prendre au détour d’un chemin
Et j’irai la trouver au jour sans lendemain
À jamais retrouvé, pour toujours égaré.
Rien dans cette vie n’est mien, j’ai perdu la vie même
En perdant celle à qui je n’ai pu dire « je t’aime ».
Rien de ce que j’ai fait n’est victoire ou honneur
Et ce que j’ai perdu est plus que le bonheur.
La mort viendra vers moi lorsque j’irai vers elle !
J’irai bientôt là-bas, au néant, au tombeau.
Je fus jeté au monde, enfant encore trop frêle,
Qui avait vu s’ouvrir la porte du caveau.

Je m’étais cru fort… et ma force c’était elle ;
J’ai cru avoir une place… et ma place c’était elle ;
J’ai cru que j’espérais… mon espoir c’était elle ;
J’ai cru que je croyais… je ne croyais qu’en elle ;
Son nom désormais m’est interdit et l’espoir, et la vie.

Je vivais de nouveau, elle me quitte
La vie ne m’aura fait qu’un pied de nez et vite
M’aura laissé seul, éc½uré et pleurant.
Je ne pourrai longtemps supporter cette douleur
Je n’aurai pas la force, même mes enfants, même leur
Présence à mes côtés, leur existence même,
Ne sauront retarder mes noces définitives
Avec la faucheuse, la seule qui m’attende,
Et que j’irai trouver au jour trop vide et creux.
2005-02-15
Yvon Henel
Mons en Bar½ul