Odelette
(On n’en fait pas sans casser deux.)
À la cafétéria, le bruit court, sans arrêt.
Nous le répétons tous en buvant notre tasse,
Qu’il nous donne le sucre ou serve le café,
Chacun de nous admire les mouvements de Masse.
Son humeur est égale & même sans pareille.
Il joue de sa faconde sans même nous pomper l’air.
Il narre des anecdotes qui toutes nous émerveillent.
Chacun s’en va disant : « C’est un Masse populaire ! »
Un jour, d’Outre-Quiévrain, une délégation
Passant, admirative, & c’est une litote,
Trouva, dans une salle, Paul en pleine correction :
Ils avancèrent sans bruit, Attention ! Masse cote[1] !
Quand un rhétoriqueur, digne des Ostrogoths[2],
Prenant son patronyme pour faire des vers curieux,
Placarde en salle des profs, un libelle fou furieux,
D’un index dédaigneux, sans cri ni pleur, Masse l’ôte.
1. Nous autres frontaliers, bilingues de naissance,
Savons bien que lorsque le Français dit : « Malchance,
Je les ai oubliées, vous n’aurez pas vos notes ! »,
Le Belge lui dira : « Vous n’avez pas la cote ».
2. On fera sonner le T à défaut de le préparer.
Le 5 février 1998
Le petit Lille-lettré
Lille, Montebello