Solitude
À chaque pas, à chaque seconde, je meurs.
Je meurs à petit feu,
à petit pas,
à petit rien.
Je meurs à petit bout.
Chaque seconde qui passe me tue subrepticement.
Je meurs à chaque mot et renais
Pour remourir encore.
Les heures vides, inutiles,
Les heures juste pour moi
S’entassent sur mes épaules,
Emplissent ma poitrine
Et bouffent mon c½ur à petits coups de dents.
Les heures pour personne d’autre que moi.
J’accumule les morts et les douleurs
Et les gens me voient sourire
Et se disent que tout va bien.
Comment croire à la mort d’un cadavre qui marche,
D’un cadavre qui parle, qui s’agite ?
L’agitation…
Vaine accumulation de gestes inutiles, de paroles inutiles
De paroles pour ne rien dire d’essentiel.
Un mot m’est interdit et ce silence-là me mine lentement.
Je crève de ne pouvoir le dire
Car il n’y a personne,
Personne d’autre que moi.
1978-11-18 — 2005-05-27
Yvon Henel
Lille, Mons en Bar½ul