Ballade en forme de demande de pardon
I
Sous le signe du Chat Noir, le triste sieur Henel
S’est lancé sans vergogne dans la chose rimée.
On dira que sa muse aura perdu une aile
Tant ses astuces sont lourdes & souvent périmées.
On n’aimerait pas voir le dos, même, de celle
Qui, pour ses bagatelles, l’a, dit-on, inspiré.
Toi, Lecteur, Lectrice, si tu vois les ficelles,
N’en fais quand même pas une corde pour son cou.
II
Si vous pensez vraiment que c’est la Tour de Nesle
Qui attend sans patience son proche enfermement
Songez qu’on ne saurait rien renfermer en elle
Détruite qu’elle fut, pierre à pierre, entièrement.
Ses rimes sont mauvaises ! Mais méchantes, le sont-elles ?
Il faut bien pardonner au fou, même s’il ment.
Toi, Lecteur, Lectrice, si tu vois les ficelles,
N’en fais quand même pas une corde pour son cou.
III
Certes, on ne peut pas dire qu’à rimer il excelle
Ni que ses calembours soient toujours bien venus
Mais enfin il faut bien dans la vie du gros sel
Pour ensuite goûter le plus fin des menus.
Ses jeux de mots sont laids ! Ils sentent le chou de Bruxelles !
Peut-on toujours poéter au beau milieu des nues ?
Toi, Lecteur, Lectrice, si tu vois les ficelles,
N’en fais quand même pas une corde pour son cou.
Envoi
Il fait toutes ces rimes et pour ceux & pour celles
Qui les aiment, sans plus. Et c’est déjà beaucoup.
Toi, Lecteur, Lectrice, si tu vois les ficelles,
N’en fais quand même pas une corde pour son cou.
Le 7 février 1998
Le petit Lille-lettré
Lille, Montebello