Sans réponse
Pourquoi a-t-il fallu que je vienne à la vie ?
Pourquoi a-t-il fallu que je jette tant de tourbe
Dans la première coupe qu’un jour on me servit
Et que le vin lui même en prenne un air fourbe ?
Je n’aurais pas vécu, je n’aurais pas souffert.
Nulle n’en aurait été plus seule pour autant.
Celle que je crus ma femme aurait trouvé à temps
Celui que je ne suis, ce que je ne sus faire.
Ceux qui me disent avoir appris à mes côtés
Auraient tout autant appris auprès d’un autre
Mais je ne souffrirais pas qu’en mom esprit se vautrent
Des souvenirs hideux, des pensées insensées.
Je n’aurais pas forgé les chaînes qui me retiennent
En ce monde où, jamais, je n’ai trouvé ma place.
D’autres auraient chanter mieux que moi mes antiennes,
Et je n’aurais pas peiné dans le feu et la glace.
Fallait-il donc vraiment que je sois laissé seul,
Trois fois abandonné, délaissé par trois fois ?
Mon père, la mort, Christel… seule la mort des trois
Saura me revenir. J’attends encore le linceul.
2005-05-07
Yvon Henel
Mons en Bar½ul